01 octobre 2021
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3 questions à… Mauricette Sakamesso, opératrice de pré-collecte à Brazzaville

Actualité

Mauricette Sakamesso est une Congolaise de trente-trois ans, célibataire et mère de deux enfants. Sans emploi, elle a été contrainte d’abandonner les études en classe de troisième et vit actuellement chez ses parents dans le quartier Mpissa, à Brazzaville. Interpelée par la campagne de sensibilisation aux métiers de traitement et de valorisation des déchets lancée dans le cadre du projet Jagov* en juin et juillet 2021, elle a décidé de devenir opératrice de pré-collecte (OPC), une première dans cette profession jusqu’alors masculine.

Pourquoi avez-vous choisi de devenir opératrice de pré-collecte de déchets ?

Je suis mère de deux enfants qui sont totalement à ma charge. Pour subvenir à leurs besoins, j’ai travaillé comme employée de maison, mais la rémunération ne répondait pas correctement à mes besoins. Suite à la séance de sensibilisation que les équipes du Gret et de la Lipob (Association des opérateurs de pré-collecte de Brazzaville, Lisanga Pona Bopeto Ya Brazzaville) ont organisé à Bacongo, j’ai compris que je pouvais faire quelque chose d’autre afin de gagner de l’argent tous les jours par moi-même.

Quels changements ce travail a-t-il apporté dans votre vie quotidienne ?

Après la perte de mon emploi comme employée de maison, j’étais, avec mes enfants, à la charge de mes parents. Depuis que j’ai commencé à travailler comme OPC, j’ai maintenant une recette journalière de 1 500 francs CFA (2 €). Je n’ai démarré mon activité il n’y a qu’un mois et j’ai déjà près de dix abonnés qui me paient chacun au moins 2 500 FCFA à la fin du mois, ce qui me donne un chiffre d’affaires mensuel pouvant aller jusqu’à 37 000 FCFA (plus de 55 €) alors que pour le moment je ne travaille que huit heures par semaine. Ainsi, je peux prendre soin de mes enfants et leur garantir une alimentation journalière régulière. A la fin du mois, je peux mettre de l’argent de côté pour m’acheter mes propres équipements, comme une brouette.

Depuis que j’ai commencé ce métier, je constate notamment que je suis de moins en moins dépendante financièrement de mes parents.

Quel regard les autres portent-ils sur vous lors de l’exercice du métier de pré-collecteur de déchets ? Quels sont les défis de ce métier ?

Il y a deux catégories de personnes, celles qui se moquent de moi (surtout les jeunes garçons) et celles qui m’encouragent. Pour moi, ce qui compte ce n’est pas ce que les autres pensent de moi, mais plutôt de parvenir à mon objectif d’acquérir mon indépendance financière pour améliorer mes conditions de vie et celles de mes enfants.

Aujourd’hui, l’augmentation du nombre de mes clients est mon principal défi pour les mois à venir. Pour cela je m’organise afin de prévoir des jours spécifiques pour démarcher de nouveaux clients. Aussi, n’ayant pas encore pu acquérir un équipement de travail personnel, j’utilise actuellement une brouette d’emprunt, je souhaite donc réaliser cet investissement au plus vite pour être totalement indépendante.

*Le projet Jagov est financé par l’Agence française de développement (AFD) dans le cadre de la Convention programme Jade (Jeunesses actrices du monde de demain), et mené par le Gret et la Lipob

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