WISE
Protéger et réhabiliter les mares urbaines de Luang Prabang
Projet de terrain
Laos

La ville de Luang Prabang, au Laos, dispose d’un réseau de mares urbaines interconnectées et classées au patrimoine de l’Unesco. Ces zones humides sont des espaces privilégiés de pisciculture et jouent un rôle important dans la résilience de la ville face aux conséquences du changement climatique. Elles sont pourtant gravement menacées par la pression foncière et diverses sources de pollution. Depuis 2019, le Gret accompagne les résident·e·s et les autorités locales à s’organiser collectivement afin d’assurer leur préservation.

Un site classé mais menacé

Située au cœur d’une région montagneuse, Luang Prabang s’efforce de préserver son patrimoine architectural tout en conciliant tourisme et tradition. En raison de son riche héritage culturel, la ville a été inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco en 1995. Ses temples anciens, maisons traditionnelles, bâtiments coloniaux et zones humides en font un lieu unique.

Le tourisme joue un rôle économique vital pour la province en générant d’importants revenus et de nombreux emplois. Cependant, sa croissance rapide et la pression immobilière qui en résulte menacent le mode de vie des habitant·e·s.

Le réseau de mares fait partie des éléments ayant contribué à l’inscription du site au patrimoine mondial de l’Unesco. Principalement privées, ces mares urbaines jouent un rôle dans l’atténuation des risques d’inondation, le traitement des eaux usées domestiques et le rafraîchissement de la ville.

Cependant, depuis les années 2000, et malgré une réglementation stricte pour les protéger, ces mares se détériorent de façon alarmante et disparaissent petit à petit. En effet, la ville ne dispose pas d’un système d’égouts et la population utilise des systèmes d’assainissement autonomes de qualité variable, ce qui induit des pollutions fréquentes des mares par les eaux usées. Par ailleurs, les pratiques traditionnelles de pisciculture et d’aquaculture sont abandonnées progressivement, diminuant l’intérêt que la population porte aux mares. Alors qu’il y avait 183 mares en 1999, il n’en reste plus que 120 selon les autorités locales, augmentant ainsi le risque d’inondation, exacerbé par le changement climatique.

Une approche par les communs pour protéger un patrimoine mondial

Face à l’échec de la gestion par les seules autorités publiques et les acteurs privés, l’approche par les communs a émergé comme une alternative prometteuse pour préserver ce patrimoine mondial. Cette approche vise à impliquer toutes les parties prenantes dans le processus de prise de décision concernant les mares urbaines, mobilisant ainsi une diversité de représentations en faveur d’une gestion commune et partagée de ces milieux fragiles. Le projet WISE vise à contribuer à l’amélioration de l’environnement et des conditions de vie de la population de la ville de Luang Prabang grâce à une meilleure gestion des zones humides urbaines à Ban Mano, l’un des 72 villages de Luang Prabang situés dans la zone protégée de la ville.

Le Gret définit les communs comme une dynamique d’organisation sociale. Ils désignent la façon dont des individus et institutions se mobilisent collectivement, et définissent ensemble des actions et des règles permettant de préserver une ressource, un service ou un territoire dont ils dépendent. A Luang Prabang, l’approche par les communs est expérimentée aux côtés de la municipalité et du Bureau du patrimoine mondial, pour construire un modèle de gouvernance innovant du réseau de mares urbaines, un des piliers de la classification de la ville au patrimoine mondial de l’Unesco.

Enjeux du faire commun à Luang Prabang

  • Protéger le patrimoine.
  • Inverser le processus de dégradation et de disparition des mares.
  • Améliorer le réseau d’assainissement.
  • Rendre la ville plus résiliente au changement climatique.
  • Fédérer les acteur·rice·s dans une dynamique d’apprentissage collectif, au-delà du projet, autour de la préservation des mares.

L’accompagnement d’une instance de gouvernance partagée capable d’organiser des actions concrètes

Les résident.e.s ont été accompagné.e.s pour comprendre les enjeux de préservation du réseau de mares par le biais d’un jeu sérieux, décliné du jeu « Terri’Stories ». Ils ont ensuite créé un comité villageois de gestion des zones humides, composé de résident·e·s, de propriétaires de mares et d’acteurs publics. Ce comité coordonne des actions collectives pour la préservation, la restauration et l’utilisation durable des mares du quartier de Ban Mano.

Le Gret a soutenu la mise en œuvre des actions prioritaires du plan d’aménagement et de restauration des zones humides. Des activités de renforcement de capacités ont été organisées, notamment sur les solutions fondées sur la nature pour le traitement des eaux usées et en collaboration avec les autorités locales.

Des réunions de suivi et d’évaluation ont été tenues pour chaque activité. Ces actions ont contribué à la construction d’une vision partagée du développement des zones humides, en permettant une ouverture aux touristes pour valoriser le milieu, renforcer sa protection et générer des revenus pour l’entretien.

Carte de Luang Prabang montrant l'emplacement du quartier de Ban Mano

changements obtenus à date

  • Organisé en gouvernance partagée, le comité a identifié trois groupes d’actions prioritaires portant sur les infrastructures, la gouvernance et le renforcement de capacités.
  • Les membres du comité ont gagné en compréhension sur les enjeux d’une gouvernance partagée des zones humides et les solutions techniques durables en termes d’assainissement.
  • Les ménages à proximité des zones humides sont sensibilisés aux enjeux de leur protection.
  • Des premières opérations de réhabilitation des mares ont été réalisées.
  • Les autorités locales et les résident·e·s participent ensemble activement aux prises de décisions, aux consultations, à la gestion des mares et à la réalisation des activités visant à leur préservation.
  • Le comité gagne peu à peu en légitimité pour mettre en place et faire respecter des réglementations pour la préservation des mares.

Les prochaines étapes du processus

  • Poursuivre les activités de réhabilitation des mares
  • Elargir la gouvernance partagée aux zones humides de quatre quartiers de la ville de Luang Prabang, en renforçant le dialogue avec les usagers situés en amont du réseau de mares.
  • Renforcer les activités de surveillance qui représentent un défi en termes de compétences, et de moyens techniques et financiers.
  • Maintenir les conditions de la motivation des membres du comité de gestion, qui ont des activités professionnelles par ailleurs leur laissant peu de disponibilité. Cela passe notamment par la poursuite de la réalisation d’actions concrètes, aux côtés des réunions consacrées au renforcement de la gouvernance et des mécanismes de régulation.
  • Accompagner le développement du comité comme instance de gouvernance du réseau des mares, représentative de l’ensemble des usagers. Pour cela, les membres réfléchissent à des manières d’engager le dialogue avec d’avantage d’habitant·e·s pour les embarquer dans la dynamique de gouvernance partagée, par exemple en valorisant les activités du comité.
  • Mettre en place un laboratoire de suivi de la qualité des eaux au sein des services urbains de la municipalité de Luang Prabang et les accompagner dans l’élaboration d’un protocole de suivi.
Projet en cours
Date de début 01/10/2019 date de fin 19/12/2026
Contact projet :
Arnaud Vontobel

Our wetlands

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